Fraternité Sacerdotale Saint Pie X
District d’Afrique
Le Supérieur de district
Abbé Henry Wuilloud
Email : h.wuilloud@fsspx.email
Aux fidèles
De l’Île de la Réunion
Et de l’Île Maurice
A Bredell, ce 18 décembre 2018
Bien chers fidèles et amis de la FSSPX,
Nous avons eu une demande d’éclaircissement au sujet du passage dans nos chapelles de prêtres qui ne sont pas de la Fraternité. Cela serait à la base de certains troubles et engendrerait des discussions, des jugements et peut-être même des critiques.
C’est bien volontiers que nous répondons, nous aimons bien que l’église soit au milieu du village ! Dans toute analyse, il faut voir les principes et puis aussi un état de fait.
Il ne me semble pas nécessaire ici de démontrer que la Fraternité par ses prêtres s’est toujours attachée à transmettre la foi catholique, à enseigner la morale traditionnelle, et à célébrer la liturgie antique. Vous en êtes tous les témoins et je n’ai jamais entendu le contraire. Donc nous pouvons dire que les principes sont gardés.
Maintenant un court état de fait : le modernisme est bien ancré dans toutes les paroisses des deux îles, le clergé aime les expériences de toutes sortes, la doctrine et la morale sont en baisse partout. C’est un aspect important, auquel il faut ajouter celui-ci : la Fraternité n’est guère présente que quelques jours chaque deux mois. Ce n’est pas beaucoup, j’en suis le premier conscient ; mais aussi à l’impossible nul n’est tenu. Je crois réellement que nous faisons notre possible.
A partir de cela, le constat est simple : de nombreux besoins spirituels de fidèles sont couverts… mais cela ne veut pas dire que c’est suffisant pour tout le monde.
En vérité, il y a ceux pour qui la messe et la confession chaque deux mois suffisent amplement. Ils ont une vie bien ordonnée, des bonnes habitudes de prière, des passions réglées, une bonne bibliothèque, etc. C’est vrai, ils peuvent vivre en bonne amitié avec le bon Dieu. Mais il y a aussi les moins forts, ceux qui ont besoin de la confession régulière et plus fréquente, ceux qui ont besoin d’être stimulé par le prêtre pour ne pas abandonner, ceux qui font leur possible pour transmettre à leurs enfants les rudiments de la foi mais qui sentent bien leurs limites, etc. Ceux-ci ont besoin de plus et nous comme prêtres nous connaissons et voyons ces besoins !
L’idéal évident serait d’envoyer trois prêtres et de fonder un prieuré aussi rapidement que possible ! Mais voilà, cela ne sort pas de la manche d’un magicien. Nous y travaillons, nous avons certaines idées et projets. Mais évidemment, cela ne suffit pas à combler les besoins concrets qui sont d’aujourd’hui.
Alors on regarde autour de nous et nous essayons de voir si nous ne pouvons pas recevoir une certaine aide d’appoint. Pour cela, évidemment aussi, nous recherchons des prêtres catholiques. S’il n’y en a pas, sinon tellement imbibés de modernisme qu’il n’est pas question d’y faire recours, alors ce sera l’appel à la patience à des temps meilleurs (qui ne va pas sans une réelle souffrance pour les fidèles).
Mais il serait peut-être bon de préciser par ce que j’entends dans le terme de prêtre catholique : un prêtre qui enseigne la foi et la morale catholique, qui célèbre les sacrements selon la liturgie de 1962 et qui ne soit pas contre nous ! Cela ne veut pas dire que les autres prêtres ne sont pas catholiques, mais simplement qu’ils ne sont pas utilisables pour nos fidèles et qu’ils sont soit dangereux pour la foi, soit laxistes pour la morale, soit encore qu’ils détestent la FSSPX. Ils sont tout simplement trop éloignés de nous. En disant cela, je ne crois pas avoir dérogé aux principes cités au début.
Venons-en maintenant aux faits concrets. A la Réunion, nous avons fait appel (l’abbé Demornex avec mon accord) à un prêtre qui célèbre aussi la nouvelle liturgie, mais qui accepte de célébrer de la même manière que nous les sacrements dans notre chapelle, qui est traditionnel dans sa doctrine et qui ma foi, n’est pas opposé à nous !
Serions-nous alors en train de prendre le chemin du libéralisme et du modernisme en faisant cela !? Mon Dieu, certains traditionnalistes peuvent aussi avoir perdu un certain sens de l’Eglise. Le catéchisme nous enseigne qu’en danger de mort, et alors que je ne puis trouver d’autres prêtres, je pourrais recevoir les sacrements… même d’un prêtre schismatique ou hérétique (un prêtre orthodoxe par exemple). Justement parce que l’Eglise a un immense souci du salut des âmes et dans certains cas, elle ouvre certaines portes.
Alors nous… nous n’allons pas aussi loin. Nous vous disons simplement comprendre que certains fidèles ont un réel besoin du prêtre et des sacrements. A partir de là, dès que nous trouvons un prêtre catholique (cf. ci-dessus), alors nous nous portons garants pour ce prêtre qui vient bien charitablement nous apporter son aide. C’est un service, utilisez-le selon vos nécessités, soyez très libres de le faire. Et pour ceux qui n’en veulent pas, très bien, passez votre route mais surtout ne venez pas troubler les esprits.
A Maurice aussi, un prêtre catholique, mais horreur, il est de l’Institut du Christ-Roi. C’est donc du tradi-œcuмénisme !? Pas si vite. Il n’y a pas vraiment de grands rapports d’amitiés ou d’accointances entre les autorités de l’ICR et les nôtres. Mais cependant dans le chanoine Moreau, nous avons trouvé un prêtre formé à Ecône et qui est resté fidèle aux enseignements de ce séminaire et qui de plus possède un amour filial envers Mgr Lefebvre. Excusez-moi, je ne puis traiter d’ennemi une telle personne. C’est pour cette raison que j’ai donné la permission aux fidèles de Maurice d’aller selon leur désir à la Messe chez lui. C’est une permission liée à sa personne et non pas envers sa congrégation. Un changement de personne pourrait entraîner de varier notre décision.
Maintenant que je vous ai expliqué tout cela, je dois aussi vous avouer ma déception devant les défiances et les critiques de certains. On se méfie à priori de telles décisions ! Je comprends que ce n’est pas toujours évident, mais quand-même, croyez-vous que nous faisons tout cela sans prendre avis et conseils, que nous ne mesurons pas les conséquences de tels choix ? Nous n’avons aucun désir de mettre de l’eau dans le vin du bon combat de la foi, nous continuerons de clamer haut et fort les principes pérennes de la sainte Eglise catholique.
J’espère avoir rassuré la plupart d’entre vous, mais j’imagine qu’il y a toujours des irréductibles… Qu’ils apportent leur crainte à qui de droit, à mes Supérieurs par exemple, mais qu’ils laissent les autres en paix. Cette paix qui approche à grands pas, puisque la belle fête de Noël est dans quelques jours. Je vous souhaite à tous d’y puiser et la joie et la paix… celles qui sont transmises par ce splendide grégorien des Messes de Noël. Ecoutez-les, laissez-les vous imprégner, ces mélodies sont réellement vivantes. Passez de belles fêtes et que la grâce du Fils du Très-Haut vous soit abondante. Bien avec vous tous et au plaisir de revenir sur vos belles îles.
Abbé Henry Wuilloud, Supérieur de district